Biographie de Claude Tillier


Claude Tillier naît le 11 avril 1801 d’un père serrurier, à Clamecy (Nièvre). Après des études au
lycée de Bourges et l’obtention du baccalauréat en 1820, il est maître d’études au collège de
Soissons puis à Paris. Incorporé dans l’armée de 1822 à 1827, il participe en 1823 à l’expédition
d’Espagne, dont il relate ses souvenirs en trois chapitres dans « De l’Espagne ». Revenu à Clamecy
et marié en 1828, il est nommé instituteur puis directeur au Collège de l’Enseignement mutuel,
ancienne École royale militaire d’artillerie, actuellement Médiathèque François-Mitterrand.


Contestant les méthodes d’enseignement, il ouvre une école privée et fonde avec d’autres le journal
L’indépendant en 1831. Il s’y montre peu tendre envers les puissants de Clamecy, ce qui lui suscite
d’ardents adversaires. L’année suivante, il démissionne de la direction de l’école mutuelle et poursuit
ses activités d’instituteur privé jusqu’en 1841, date à laquelle il quitte Clamecy et s’installe à Nevers
où il est jusqu’en 1843 rédacteur en chef de L’Association, journal d’opposition démocrate auquel il
donne un caractère littéraire en publiant, sous forme de feuilleton Deux contes, chroniques
nivernaises, « Comment le chanoine eut peur » et « Comment le capitaine eut peur ». Il publie
ensuite des pamphlets contre les notables de Nevers et de la Nièvre, notamment le député André
Dupin, dit « Dupin aîné » et Mgr Dufêtre, évêque ultramontain de Nevers. Atteint de tuberculose
depuis son service militaire, il meurt prématurément le 12 octobre 1844 et est inhumé au cimetière
Jean-Gautherin à Nevers, carré n°8. A l’initiative de notre association, un lutrin mémoriel a été installé devant sa tombe le 14 septembre 2018.

La Fontaine Claude Tillier, possède un buste en bronze représentant Claude Tillier sur son piédestal. A l’arrière, sont gravés les titres de ses œuvres principales : Mon oncle Benjamin, Cornélius, Pamphlets. Le monument est situé sur la rue du grand marché.
Sculptée par Émile-André Boisseau et inaugurée en 1905.


Auteur de deux romans,« Mon Oncle Benjamin » (1842) et « Belle-Plante et Cornélius » (1843),
mais surtout connu du grand public pour le premier, qui fut porté à l’écran par Édouard Molinaro en
1969, Claude Tillier mérite qu’on s’attarde de façon plus approfondie sur ses écrits, qu’il s’agisse de
ses romans ou de ses pamphlets. Il y exprime en effet toute sa fierté d’appartenir au rang des
modestes, de partager leurs humbles aspirations, et de soutenir leur cause face aux puissants qui les
méprisent et souvent les oppriment. En fervent démocrate, il souhaite le suffrage universel et la
liberté de la presse, s’insurge contre les privilèges de classe et honnit l’obscurantisme et les fastes
d’un clergé conservateur, complice de l’asservissement du peuple. Sa plume acérée sied
admirablement à la satire sans toutefois négliger un humour jubilatoire apparaissant parfois comme
une politesse du désespoir, et qui incite, à titre de compensation, à la joie de vivre et aux plaisirs
terrestres. Une philosophie guère à l’image de sa courte vie, assombrie par la maladie et les attaques
de ses ennemis qu’il fustigea courageusement malgré le contexte politique répressif du règne de
Louis-Philippe. Il est resté très attaché à son terroir qu’il avait quitté malgré lui, et sa pensée est
toujours toujours revenue à sa ville natale.


Il définit ainsi son credo :
« Je n’ai dans ma main qu’une plume de roitelet ; mais, à Dieu ne plaise que je ne la vende jamais à
nos oppresseurs »
« Pouvoir se dire : « l’oppresseur me craint et l’opprimé espère en moi », voilà la plus belle des
richesses pour laquelle je donnerais toutes les autres »

1ere de couverture de la réédition de « Mon oncle Benjamin » (imprimerie Laballery)